Tanumânasî_kapalabhati

Pranayama

Posted on Posted in Yoga

Le Pranayama et ses effets thérapeutiques

Par Chris Mangeart, enseignante, formation et perfectionnement d’enseignants de yoga

Comme le disait Nil Hahoutoff :
« Le Yoga n’est pas une thérapie, mais il est profondément thérapeutique » !

Le pranayama est un des volets essentiels du Yoga.
Revenons tout d’abord à la signification de ce mot « Pranayama ».

Prâna signifie « l’énergie de Vie » et pranayama, le fait de se relier consciemment à cette énergie, à sa Source. Le pranayama est associé à la conscience, à l’intention de capter cette énergie de vie puis à la faire circuler en nous. Car comme le disait Roger Clerc en parodiant et simplifiant les textes anciens : « Là où la pensée va, l’énergie va ».

La respiration concerne la physiologie. Le Prânayama, le plan énergétique.
Il est le plus souvent associé à la respiration, car sans respiration, il n’y a pas de vie.
Il est important toutefois de signaler que tous nos sens sont une porte ouverte à cette énergie qui nous alimente. Les yeux et la vue le sont de par les formes et les couleurs, le nez avec les senteurs, les oreilles par l’accueil des vibrations sonores,
la peau par le sens du toucher..

Nous parlerons ici du prâna associé à la respiration et vous proposons quelques exercices pratiques. L’idéal bien sûr est d’être guidé, si possible dans les débuts par une personne déjà expérimentée dans ces pratiques. Les textes anciens le conseillent vivement.
Car « le pranayama corectement exécuté détruit toutes les maladies. Mais une pratique incorrecte peut toutes les engendrer » (Hatha Yoga Pradipika)

Une respiration conscience lente fine et douce, comme si l’on voulait « goûter » l’air est un préambule. Le nez est un organe privilégié dans le sens où il est fortement innervé. Ses zones internes sont tapissées de zones réflexes en lien avec nos différents organes. Cette respiration consciente stimule davantage toutes ces zones et améliore notre santé déjà sur le plan purement physiologique.

Picture clipping droppedImage

Gauche :D’après F. Netter « Atlas d’anatomie »   – Droite :  Synthèse d’après F.Netter et FM Muller David

Représentation des trois cornets du nez, coupe vue de face et de profil.

Correspondance avec les trois étages de nos poumons (partie basse, moyenne et haute).

Il faut ajouter que le fait de vouloir respirer ainsi finement stimule d’une part le nerf olfactif éveillant au centre de notre cerveau le « rhinencéphale» ou système limbique, notre cerveau à la fois le plus primitif et le plus intuitif. Cette zone du cerveau intervient au niveau des émotions et du cycle « veille-sommeil » que nous allons équilibrer. D’autre part, cette forme de respiration, va nous aider à partir du plan physique, à nous ouvrir à un plan plus subtil : l’intuition.

Parmi les respirations prâniques, nous allons en évoquer  ici, quelques unes.

Certaines sont mentionnées dans un des livres de base du Yoga « Hatha Yoga Pradipika » « la petite lampe du yoga » qui nous éclaire sur le chemin de cette connaissance de soi et du Soi.

LA RESPIRATION PRANIQUE DE BASE

Il s’agit tout d’abord de sensibiliser la zone de notre nez, comme évoqué plus haut, en respectant le rythme naturel de chacun.

La respiration consciente devient ainsi une réelle nourriture énergétique.

Avec la pratique, les temps de suspension de souffle peuvent être accompagnés des trois bandhas. (contractions des 3 diaphragmes : diaphragme pelvien, celui de la région du plexus solaire et diaphragme pharyngien).

« On doit ainsi pratiquer le pranayama chaque jour, lentement, consciemment ».

(H.Y. Pradipika). Le souffle ici signifie le souffle de vie (prâna)  et non pas uniquement la ventilation pulmonaire physique limitée aux poumons..

DSCN0618

Mickael M. (droit reservés Chris Mangeart)

Pranayama et Souffle de Vie

« De même qu’un lion, un éléphant ou un tigre ne sont domptés que progressivement, le même le souffle doit être contrôlé par degrés, lentement, autrement il peut tuer le pratiquant lui même »

(voir Hatha Yoga Pradipika selon Tara Michael, Ed Fayard)

LA RESPIRATION PRANIQUE POLARISEE ALTERNEE

« Nadi-sodhana pranayama »

Son effet sur le plan physiologique, énergétique et comportemental.

Action sur le plan physiologique, et plus particulièrement sur le cerveau :

La nature  nous a doté de deux narines. Chacune d’elle, sur le plan physiologique va stimuler plus  l’un  ou l’autre de nos hémisphères cérébraux.

Parmi ces 60 à 100 milliards de neurones de notre cerveau, en shématisant, il est reconnu que l’hémisphère gauche correspond plutôt au côté droit de notre corps, l’hémisphère droit, à notre côté gauche. Cela peut se vérifier lors d’un problème vasculaire cérébral. Le côté cérébral atteint va handicaper le côté opposé de notre corps physique. A noter plus précisément que certaines zones correspondent soit à la parole, à la vision, à l’audition, au toucher, à l’odorat, au goût, à la mémoire, ou au mouvement.. Grâce aux progrès de l’imagerie médicale, nous pouvons maintenant localiser toutes ces zones de notre cerveau. Cette respiration prânique, effectuée en alternant les deux narines, va équilibrer les deux hémisphères cérébraux et harmoniser le fonctionnement général de notre cerveau.

Effets sur notre comportement :

Une caricature commune au sujet de ces deux hémisphères mentionne l’idée que le cerveau gauche est plus celui de la raison, de la logique froide, du verbal, du rationnel, l’hémisphère droit, celui de l’imagination, de la conscience de l’espace, du désir et des affects. Fink chercheur scientifique précise : « ce qui compte c’est comment les deux côtés du cerveau se complètent et s’associent » . Un cerveau brillant et alerte est un cerveau qui, à la fois à une vue large des situations sans en oublier les détails, qui peut à la fois faire la synthèse et l’analyse de ce qui se présente.

Effets sur le plan énergétique :

Ces effets auront obligatoirement des répercussion sur notre façon d’être dans la vie.

Les yogis, depuis des millénaires savaient que la narine gauche correspond à une énergie qui calme, dite énergie lunaire et la narine droite à une énergie qui dynamise, dite solaire.

L’alternance de ces deux côtés équilibre également les parties centrales. Les canaux énergétiques Ida et Pingala étant purifiés, alors la nadi centrale pourra également l’être et nous ouvrir  à une conscience plus large.

Mickael M. (droit reservés Chris Mangeart)

 Côté solaire (Pingala)      Côté lunaire (Ida)


Dessin Chris Mangeart

Les trois nadi : Inda à gauche, Pingala à droite, Shushumna au Centre.

    Nadi veut dire «  rivière », symbole du mouvement de l’énergie qui circule.

Description de l’exercice :

« En posture assise le dos droit, (l’occidental adapte sa posture, la plupart d’entre nous ne pouvant pas forcément prendre la posture du lotus « padmasana» comme indiqué dans les textes) le pratiquant doit alors inspirer l’air par la narine lunaire. Après avoir rempli lentement la poitrine, avoir suspendu le souffle, l’avoir retenu avec justesse, il expire par la narine solaire.

Inspirant à chaque fois par la narine par laquelle il vient d’expirer, il doit retenir le souffle  avec justesse, puis expirer lentement par l’autre narine »,

Les temps de suspension de souffle seront accompagnés des trois bandhas. (contractions des 3 niveaux : plancher pelvien, diaphragme de la région plexus solaire et diaphragme pharyngien au niveau de la gorge). Ces contractions ont une action puissante sur tous les fascia du corps et associées aux suspensions de souffle, dynamisent l’énergie, la rendent plus puissante.

« Chez le pratiquant qui continue régulièrement cet exercice, en trois mois la totalité des nadi est purifiée ».(Hatha Yoga Pradipika)

Dans la pratique du yoga traditionnel, nous sommes invités à fermer puis libérer une narine en nous servant soit du pouce, soit de l’annulaire de la main droite, le majeur et l’index tendus en direction du centre du front,. Ainsi , Ajna sur lequel nous nous recentrons durant les Kumbaka(suspension de souffle poumons pleins) se trouve sensibilisé. Dans la pratique du Yoga de l’Energie, l’alternance du passage de l’air se fait sans l’aide des doigts, uniquement par un travail de conscience.

Avec un peu de pratique, cela se fait aisément.

Nadi-sodhana pranayama pratiqué régulièrement libère tous les canaux du « corps de l’énergie »  laissant librement circuler « prâna » dans le corps énergétique. Le « corps physique » est alors régénéré. Il retrouve « vigueur et santé parfaite » et le mental, un calme qui permet d’accéder au silence et à la méditation.

Photo Chris Mangeart – « Poutre sculptée dans la pierre » Temple Sud de L’inde.

Nous pouvons ici remarquer l’analogie entre les narines et les poumons.

Bibliographie : « Les réfléxothérapies » de MF Muller David, Dr en Naturopathie,Ed REZ

Atlas d’Anatomie F. Netter, « Hatha Yoga Pradipika » par Tara Michaël Ed. Fayard